Au centre une rue détrempée reflète la lumière pâle d’un ciel livide, un trottoir noir soutient des lampadaires géants et s’adosse à un mur de briques orangées, quelques ouvertures alignées, grillagées semblent suggérer la présence d’un pénitencier.Faisant face quelques maisons victoriennes se glissent dans l’ombre de la rue. L’image pourrait être banale si il n’y avait ce souffle rose d’une bulle de chewing gum. Un trou de couleur, l’excroissance d’un visage d’enfant qui capte une lumière improbable.
Cette photo qui introduit le livre de Depardon résume à elle seule l’esprit qui anime cette série, un regard sans concessions sur les quartiers populaires de Glasgow, des scènes que l’on a parfois du mal à situer dans l’Europe des années 80. Mais au delà de cette dureté il y a une poésie des couleurs, une esthétique qui transcende la noirceur de la ville.
Le reportage de Depardon ne sera jamais publié et étonnamment ces photos resteront plus de trente ans dans des cartons, mais ce livre fera date, de toute évidence il s’agit d’un grand livre photographique.