Nadav Kander a travaillé trois années et effectué cinq voyages pour finaliser ce livre.
En suivant le fleuve il capte des paysages souvent nus, désertés, mais ce sont aussi des paysages
qui se transforment, des bâtiments détruits, des routes qui se construisent Il capte ces traces laissées
par les hommes, des hommes qu’il repousse souvent au loin, anonymes, petits, dilués dans cette société chinoise qui évolue continument.
Le travail est sobre, rien de clinquant ou d’esthétisant, une pure merveille.
Au centre une rue détrempée reflète la lumière pâle d’un ciel livide, un trottoir noir soutient des lampadaires géants et s’adosse à un mur de briques orangées, quelques ouvertures alignées, grillagées semblent suggérer la présence d’un pénitencier.Faisant face quelques maisons victoriennes se glissent dans l’ombre de la rue. L’image pourrait être banale si il n’y avait ce souffle rose d’une bulle de chewing gum. Un trou de couleur, l’excroissance d’un visage d’enfant qui capte une lumière improbable.
Cette photo qui introduit le livre de Depardon résume à elle seule l’esprit qui anime cette série, un regard sans concessions sur les quartiers populaires de Glasgow, des scènes que l’on a parfois du mal à situer dans l’Europe des années 80. Mais au delà de cette dureté il y a une poésie des couleurs, une esthétique qui transcende la noirceur de la ville.
Le reportage de Depardon ne sera jamais publié et étonnamment ces photos resteront plus de trente ans dans des cartons, mais ce livre fera date, de toute évidence il s’agit d’un grand livre photographique.